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Ces femmes qui ont fait l'économie : Rosa Luxemburg, la rouge - Alternatives Économiques

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« Ce livre fait preuve de plus de clairvoyance que ne pourrait en revendiquer aucun orthodoxe contemporain », écrit Joan Robinson en 1951 dans la préface de la traduction anglaise du livre de Rosa Luxemburg.
PHOTO : Olivier Balez
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Série 1/20

Les femmes dont l’histoire des idées économiques a retenu le nom ne courent pas les rues. Alternatives Economiques vous les fait découvrir. On commence par l’incontournable Rosa Luxemburg. Disciple critique de Marx, elle fut à l’origine d’une théorie qui a inspiré Keynes.

Rosa Luxemburg (1871-1919) est la première femme à produire une œuvre théorique marquante en économie, une discipline jusque-là exclusivement masculine (et qui le demeure encore en grande partie). Issue d’une famille de marchands aisés, elle commence à militer à 16 ans, au sein du Parti du prolétariat de la Pologne russe, avant de devenir une membre active et influente du Parti social-démocrate allemand.

En 1898, elle se fait connaître en…

Rosa Luxemburg (1871-1919) est la première femme à produire une œuvre théorique marquante en économie, une discipline jusque-là exclusivement masculine (et qui le demeure encore en grande partie) . Issue d’une famille de marchands aisés, elle commence à militer à 16 ans, au sein du Parti du prolétariat de la Pologne russe, avant de devenir une membre active et influente du Parti social-démocrate allemand.

En 1898, elle se fait connaître en croisant le fer avec Eduard Bernstein, leader du courant révisionniste au sein du mouvement socialiste. A l’idée d’une transformation graduelle et pacifique du capitalisme, Rosa Luxemburg oppose la nécessité d’une rupture révolutionnaire, seule voie de passage au socialisme. Cela ne l’amène toutefois pas dans le camp de Lénine et du bolchevisme. Soutenant un soulèvement communiste à Berlin, elle est assassinée par les militaires en janvier 1919.

Disciple critique de Marx

A l’instar de Karl Marx, Rosa Luxemburg croit que le passage au socialisme sera le résultat du développement des contradictions du capitalisme. C’est pourquoi l’étude de l’économie politique, à laquelle elle a consacré une partie importante de sa vie, est à ses yeux essentielle. Mais, en étudiant Marx, elle s’est heurtée à un problème majeur.

D’un côté, Marx explique pourquoi le capitalisme est condamné à l’écroulement, à la suite de crises de plus en plus importantes. De l’autre, dans le livre deuxième du Capital, ses schémas de reproduction, décrivant les relations entre le secteur des moyens de production et celui des biens de consommation, montrent au contraire à quelles conditions on pourrait envisager une croissance équilibrée du capitalisme.

Dans L’accumulation du capital, elle propose à la fois une histoire des débats sur la croissance depuis le début du XIXe siècle, une critique des thèses de Marx et une solution originale pour résoudre ces problèmes

L’accumulation du capital, l’œuvre théorique majeure de Rosa Luxemburg, propose à la fois une histoire détaillée des débats sur la croissance depuis le début du XIXe siècle, une présentation critique des thèses de Marx et des polémiques qu’elles ont suscitées, et la solution originale qu’elle met en avant pour résoudre ces problèmes.

L’accumulation du capital, ou reproduction élargie, résulte de la transformation d’une partie de la plus-value créée par les travailleurs en capital additionnel, permettant ainsi l’élargissement de la production. Or, il y a une faille importante dans le raisonnement de Marx. Il n’explique pas d’où vient la demande pour ce capital additionnel. En d’autres termes, on ne nous explique pas ce qu’est le moteur de l’accumulation, de l’incitation à investir. On suppose implicitement que toute la production est vendue sans problème.

Un environnement non capitaliste nécessaire

Reprenant une idée de Thomas Malthus, qui sera utilisée plus tard par John Maynard Keynes, Rosa Luxemburg indique qu’il faut une demande effective pour assurer un débouché aux marchandises dont la production augmente. Cette demande ne peut naître exclusivement des dépenses des capitalistes et des travailleurs : une économie capitaliste fermée ne peut croître.

Un environnement non capitaliste est essentiel à la croissance du capitalisme. Il peut s’agir d’un environnement interne au pays, par exemple des secteurs paysan et artisan non encore capitalistes. Mais les débouchés peuvent aussi être trouvés à l’extérieur, dans des pays moins développés. Telle est la racine de l’impérialisme qui caractérise le capitalisme contemporain.

C’est une autre grande dame de l’économie, elle-même disciple critique de Keynes, Joan Robinson, qui lui a rendu un des plus beaux hommages, en signant en 1951 la préface de la traduction anglaise du livre de Rosa Luxemburg. Soulignant les convergences entre l’œuvre de la révolutionnaire polonaise et du maître de Cambridge, elle conclut son texte en écrivant que, sur les difficultés du capitalisme du XXe siècle, « ce livre fait preuve de plus de clairvoyance que ne pourrait en revendiquer aucun orthodoxe contemporain ».




July 20, 2020 at 03:03PM
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